Je reçois beaucoup d’e-mails de personnes qui veulent connaître le prix d’une (ou plusieurs) illustration. C’est également un questionnement que je vois souvent sur les réseaux sociaux : des créateurs de jeu, auteurs de romans ou autre veulent savoir combien ils vont débourser pour illustrer leur projet.
Ça fait 8 ans que je suis illustrateur freelance et la seule réponse que je peux vous apporter est celle-ci : ça dépend ! Frustrant, n’est-ce pas ? Tentons de comprendre pourquoi à travers 5 concepts clés.
Envie d’en savoir plus sur moi ? Je suis graphiste, illustrateur et romancier. Découvrez plus sur mes métiers par ici.
1/ Le temps
C’est le facteur le plus important. C’est même le seul à retenir finalement. En effet, tous les autres éléments sont plus ou moins liés à celui-ci. Vous connaissez l’adage : « le temps c’est de l’argent ». Analysons un peu plus cette petite phrase.
Dans mon cas de figure, plus je passe du temps sur votre commande et plus je perds de l’argent. Moins j’en passe et plus je suis rentable. C’est aussi simple que ça. À moi de bien estimer le temps que me prendra une commande pour donner un prix juste.
2/ La complexité
Le deuxième concept clé pour moi c’est la complexité d’une illustration. Un portrait, ça ne prend pas le même temps à concevoir qu’une scène épique de bataille dans un paysage apocalyptique. On en revient donc au facteur temps.
Qu’est-ce qui peut rendre une scène complexe ?
Voici quelques questions que je pose à mes clients :
- combien de personnages ? → ex : un seul personnage ou un seul personnage avec son chien, son perroquet et leurs reflets dans le miroir.
- Que font-ils ? → ex : le protagoniste se tient droit en tenant un grimoire dans ses mains ou les personnages s’enlacent, mais l’un d’eux regarde vers le spectateur avec un regard complice.
- Quel est le décor ? → ex : un décor abstrait qui pose une ambiance ou une architecture de ville très complexe.
- Faut-il prendre en compte des références ? → ex : tel personnage doit ressembler à ceci ou le drapeau doit avoir cet emblème.
- Y a-t-il des contraintes à prendre en compte ? → ex : le titre du roman doit être ici ou il faut que les éléments graphiques du jeu restent lisibles.
3/ Le style
Les clients pensent souvent que les artistes ne sont capables de travailler que dans un seul style. Je ne sais pas si je fais partie de la majorité des illustrateurs, mais moi j’aime travailler plusieurs univers et donc m’essayer à plusieurs styles.
Je compare ça à de la gastronomie : j’aime plusieurs cuisines du monde, je ne vais pas me contenter d’une seule recette tout le temps. Je mijote donc des plats qui s’inspirent de plusieurs cultures, je mélange des trucs que j’ai goûtés ailleurs, j’essaye de trouver la bonne alchimie (parfois ça rate)… c’est pareil pour le dessin.
Sauf que lorsque je travaille, je mets de côté mes envies du moment et j’utilise les ingrédients qu’aime mon client pour être sûr de ravir ses papilles. C’est pour ça qu’il doit me dire ce qu’il cherche comme style. Et bien entendu, les styles sont plus ou moins chronophages : un portrait réaliste sera plus long à faire qu’un personnage cartoon. On en revient encore au facteur temps.
Voici quelques exemples qui influent sur le tarif :
- un style cartoon jeunesse ou un style photoréaliste ;
- une illustration en noir et blanc ou en couleurs ;
- des designs originaux ou des recherches déjà faites en amont.
4/ La quantité
Évidemment, plus il y aura d’illustrations, plus le devis sera élevé. Toutefois, je pratique aussi le « prix de gros ». Plus il y a d’illustrations dans une seule commande et moins le prix individuel sera haut. En d’autres termes : plus vous voulez d’illustrations en une seule commande et plus vous serez gagnant.
Le pire moment pour moi c’est la période entre deux commandes où je ne peux rien faire. J’encourage donc mes clients à me faire une grosse commande qui me tiendra plusieurs semaines plutôt que des petits contrats éparpillés sur plusieurs mois.
C’est aussi plus intéressant, car en faisant toutes les illustrations sans interruption, on s’assure de garder une cohérence graphique sur tout le projet. Ça permet enfin de garder une « inertie » créative et de ne pas avoir à « redémarrer » la machine après un arrêt du projet.
5/ L’exploitation
C’est la partie que beaucoup de clients « amateurs » ont du mal à cerner. Je ne vais pas rentrer dans les détails du droit d’auteur parce que cet article est déjà bien trop long, mais je vais essayer de résumer ce concept d’exploitation.
Plus un visuel va permettre à un client de gagner de l’argent et plus le prix de ce visuel devrait être élevé. Si vous ne trouvez pas ça logique, essayez donc de répondre à cette question : « est-ce que j’arriverais à vendre mon produit, sans une belle illustration ? »
Oui ? Alors vous n’exploiterez pas tant l’illustration que ça et donc son prix ne devrait pas être élevé (tout est relatif hein).
Non ? Alors l’illustration est centrale pour vendre votre produit et vous le savez. L’exploitation de l’illustration sera forte parce que vous allez énormément capitaliser dessus : pour votre produit, pour le marketing sur les réseaux sociaux, dans les médias, dans les goodies, dans les déclinaisons, etc. L’illustrateur doit être rémunéré en fonction de l’impact et de la portée de son œuvre.
6/ … et un dernier pour la route : l’envie
Je ne devrais pas le dire, mais on est entre nous, n’est-ce pas ? Il y a des projets qui me donnent très envie et je n’hésite pas à proposer un prix plus bas que prévu.
En revanche, je n’augmente jamais les prix si le projet ne me plaît pas, ça ne serait pas correct. De plus, je n’ai pas envie qu’on dise de mes prix qu’ils sont excessifs. Si ça ne me plaît pas, je refuse tout simplement.
Concrètement, quel prix ça coûte ?
Tout ça ne vous aide pas plus à connaître les prix d’une illustration. Non, mais ça me permet de vous proposer un tarif juste, adapté à l’envergure réelle de votre projet — ni plus ni moins. Vous voulez savoir combien coûtera une illustration, envoyez-moi un e-mail en exposant votre projet à hello@patrick-fontaine.com

